Johan THEORIN : Le sang des pierres

Johan THEORIN : Le sang des pierres

Editions Albin Michel.

Johan THEORIN : Le sang des pierres. Editions Albin Michel.

Lorsque le printemps pointe le bout de son nez et que la neige n’est pratiquement plus qu’un souvenir, quelques Suédois s’empressent de quitter le continent et empruntent le pont afin de rejoindre l’île d’Öland. Peter Mörner, par exemple qui a reçu en héritage d’un oncle une maison située près de la carrière de calcaire. Il désire passer quelques jours en paix en compagnie de ses deux enfants, Jesper le garçon et Nilla la fille. Il est séparé de sa femme et pour lui c’est une fête de retrouver de temps à autre sa descendance. Seule ombre au tableau la maladie de sa fille, une affection mystérieuse qui la mine. Il est même obligé de la conduire à l’hôpital afin de procéder à des examens. Comme si cela n’était pas suffisant pour lui mettre le moral dans les bottes, son père lui téléphone. Jerry, qui l’année précédente a été victime d’un ennui vasculaire et ne parle plus presque plus, lui demande refuge. Il ne sait que prononcer quelques mots, des noms dont celui d’un associé Hans Bremer. Peter doit aller le chercher dans un endroit isolé et lorsqu’il arrive il secourt à temps son père qui est dans une habitation en flammes. Un ancien studio de cinéma produisant des films spéciaux. Dans une pièce gisent deux corps qu’il ne peut dégager à temps. L’un des deux pourrait être le fameux Bremer. Mais Peter se rend compte qu’il s’agit d’un incendie criminel.

Gerlof, un ancien loup de mer, a préféré quitter la maison de retraite où il se morfondait et réintégrer son domicile, malgré ses difficultés à se déplacer. Dans un placard il découvre des carnets écrits par sa femme quelques cinquante ans auparavant. Max et Vendela sont là pour une autre raison. Max est un écrivain, imbu de sa personne, qui rédige de petits guides. Son prochain ouvrage est axé sur la cuisine, mais ce n’est pas lui qui met la main à la pâte. Vendela est native de l’île et elle couche sur le papier, un peu en catimini, ses souvenirs, surtout ses relations avec les Elfes, et les Trolls leurs irréductibles ennemis. Le ménage est branlant, un peu à cause d’Alli, le vieux chien de Vendela que Max ne supporte plus. Enfin un jeune couple s’est installé pour quelques jours dans une maison neuve. Vendela décide de préparer un repas entre voisins et tout ce petit monde est convié, mais Jerry jette le froid lorsque sortant d’un vieux cartable qui ne le quitte jamais, il jette sur la table des revues pornos dont il est à l’origine. Des publications qui avaient fait sa gloire dans les années soixante–dix quatre-vingts.

Peter et Vendela sont les pivot de cette histoire à consonance fantastique dont l’intérêt est toujours entretenu soit par des retournements de situations, soit par des incidents qui perturbent Peter, la maladie de Nilla, l’altercation avec Max qui manque écraser Jesper alors qu’ils ne savent pas encore que tous deux vont bientôt être voisins, l’incendie des studios de Jerry, et bien d’autres encore, et les souvenirs de Vendela qui s’inscrivent dans cette histoire comme des intermèdes mais se révèlent déterminants. Sa jeunesse solitaire avec son père, la garde de ses trois vaches, l’incendie de la grange, l’Invalide qui vit dans une pièce du premier étage, ses relations avec les Elfes, autant d’images qu’elle a enregistrées et qui lui remontent comme autant de bouffées de chaleur, surtout lorsqu’elle entreprend de retourner à la ferme où elle a vécu ou à la Pierre des Elfes qui se dresse toujours dans la lande et accueille les présents dans des trous afin de réaliser les vœux émis. Un roman prenant, et l’auteur sait retenir l’attention du lecteur, lequel se demande quand il va enfin retrouver la scène du prologue, la fameuse nuit du Walpurgis. Quant au titre du roman, il s’agit d’une coulée rouge dans les flans de la carrière, la Veine sanguine comme l’ont surnommée les tailleurs de pierre. Elle serait due à un combat féroce entre Trolls et Elfes. Mais c’est ce que la légende prétend, peut-être a-t-elle raison.

Paul Maugendre

Citations

Tu lis trop de faire-part de décès.

Ça… C’est ce qui fait vivre les journaux.

 

Bouchez-vous les oreilles avec du coton, enfilez une paire de chaussures mal ressemelées et une paire de gants en caoutchouc … et tartinez de la vaseline sur vos lunettes. Voilà ce que ça fait d’avoir quatre-vingts ans.

 

Quand on n’a pas d’amis, on ne peut pas avoir d’ennemis, non ?

 

 

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