David AGRECH : Deux mille kilomètres avec une balle dans le cœur

Polar Le Masque Jaune N°2530. Editions Du Masque. Prix du roman d’aventures.

David AGRECH : Deux mille kilomètres avec une balle dans le cœur. Le Masque Jaune N°2530. Editions Du Masque. Prix du roman d’aventures.

Décerné pour la première fois en 1930 pour le roman de Pierre Véry Le Testament de Basil Crookes, le Prix du Roman d’Aventures est spécifique aux Editions du Masque, nouvelle appellation de La Librairie des Champs Elysées créée par Albert Pigasse. A l’origine ce prix était remis sur manuscrit, mais à la fin des années 60, il est devenu un prix d’éditeur. Certains des récipiendaires ont connu une carrière remarquable au sein même du Masque, ou des d’autres éditeurs. Ainsi Charles Exbrayat, Alexis Lecaye, Jacques Chabannes, Yves Dermèze, Michel Grisolia, Paul Halter, Jean Bommart, pour n’en citer que quelques uns dans le désordre. Certains se sont comportés honorablement, d’autres n’ont effectué qu’un petit tour et puis s’en va, liste que je me garderai bien d’établir par correction envers ces auteurs disparus de la scène littéraire prématurément. Souhaitons à David Agrech qui vient d’obtenir ce prix de pouvoir emprunter la voie de ses glorieux aînés.

Daniel Ferrey, qui a tenté de devenir traducteur d’anglais et effectué de petits boulots pour payer ses études, végète dans un quotidien sans relief. Son beau-frère Victor, investisseur immobilier, et sa sœur Sandrine l’hébergent de temps à autre, mais surtout grâce à Victor il peut gagner quelque argent en pariant sur les champs de course. Pas de grosses sommes, mais de quoi rembourser la mise que Victor lui a obligeamment prêtée au départ et en engrangeant de petits bénéfices. Et il ne joue pas à l’aveuglette, mais scientifiquement, étudiant les chances des chevaux participants aux courses, jouant ses favoris placés, ce qui lui rapporte grosso modo du dix pour cent. Mais alors qu’il attend sagement son bus, près d’un abribus où la photo d’un mannequin attire son œil et même les deux, une voiture arrive, et un individu lui tire quelques balles dont une dans le ventre. Alors qu’il gît sur le bitume, son inconscient lui ordonne de ne pas tomber dans les pommes et il croit que la belle de papier est descendue de son support, lui prodiguant des encouragements à survivre jusqu’à l’arrivée des secours. Il se remet tout doucement de ses blessures et lorsqu’il sort de l’hôpital, Victor lui offre un séjour au Maroc dans un hôtel de luxe afin qu’il se rétablisse dans le calme et la sérénité. C’est vraiment sympa de la part de son beau-frère, et Daniel ne peut que le remercier même s’il se demande s’il n’y a pas un coup fourré quelque part. Ce qui lui importe surtout c’est de retrouver son ange gardien et il parvient à obtenir son adresse. C’est ainsi qu’il fait la connaissance d’Anja, Norvégienne, et qu’ils sympathisent. Toutefois elle n’est pas la bonne fée désirée et il continue ses recherches pour enfin tomber sur Clara, une péripatéticienne.

Ceux qui souhaitent lire un roman d’action vont être frustrés, mais ceux qui privilégient les histoires de suspense psychologique vont être comblés. Narré à la première personne ce roman est comme un sandwich, deux tranches d’action enveloppant deux histoires d’amour plus ou moins épaisses, pimentées de réflexions sur le système financier des paris hippiques et surtout comment ne pas perdre trop d’argent, la préférence allant aux petits gains assurés, le tout agrémenté des salades de Victor. Parfois on pourrait penser lire une Harquelinade, notamment lorsque les jeunes femmes relatent leur parcours, pourtant je n’ai pu m’en détacher lisant quasiment tout d’une traite. Comme quoi, il suffit parfois de peu de choses pour installer une relation de confiance entre l’auteur et le lecteur et se trouver accroché. Mais j’attends du prochain roman de David Agrech une autre approche du roman policier afin qu’il nous démontre sa capacité à se renouveler.

Paul Maugendre

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