Michel VEZINA : Zones 5.

Polar Editions Coups de Tête n° 35. Série Elise.

Michel VEZINA : Zones 5. Editions Coups de Tête n° 35. Série Elise.

Anticipation, science-fiction, politique-fiction, Zones 5 est un peu tout cela associé à un concept financier déjà existant dont on ne sait quelles proportions et influences il pourra prendre sur la gestion des états mais dont, déjà, on peut évaluer les conséquences néfastes et délétères.

La ville de Montréal, comme beaucoup d’autres métropoles du Québec, est divisée en zones distinctes et sélectives. La zone 1 est résidentielle, réservée aux riches. La zone 2 est semi résidentielle et commerciale, réservée aux travailleurs salariés et aux commerces de détail ou de proximité. La zone 3, industrielle, constitue l’enclos des travailleurs temporaires, précaires, des immigrants fraîchement arrivés sur le territoire ainsi que d’illégaux ayant réussi à franchir la frontière de la zone 4. La zone 4, qui « abrite » les sans-abris, les trafiquants de fausses cartes, des prostituées bas de gamme, et tous ceux qui issus de l’extérieur souhaitent intégrer la métropole. Mais en ce milieu du XXIème siècle, une zone 5 s’est créée loin de la ville, dans des régions éloignées où habitent des hommes et des femmes qui refusent l’industrialisation à outrance, désirant vivre comme avant. Des rebelles de la société réfugiés à Blanc Sablon, Rimouski et autres lieux situés sur l’estuaire du Saint-Laurent.

Jappy, Elise sa compagne, Ender, Diégo et bien d’autres demeurent dans cette partie isolée de la province, en compagnie de pêcheurs et d’autochtones ayant refusé de s’exiler loin de leurs racines dans une urbanisation anonyme engendrée par ce qui a été nommé la Grande Expropriation. Ce ne sont que des squatteurs mais actifs.

Ender, Elise et Diégo qui se sont mis sérieusement à l’informatique, s’amusent à pirater les informations et à en détourner le sens. Les amours de Jappy et d’Elise sont concrétisées par la naissance d’un garçon, Kassad, qui est affligé à la naissance de deux infirmités. Il est aveugle et hermaphrodite, ce qui ne l’handicape pas trop. Jappy, qui a perdu un œil, s’en « voit » greffer un, genre caméra, ce qui lui permet de visionner et d’enregistrer ce qu’il aperçoit dans certains moments délicats. Mais ils doivent penser à leur subsistance, ainsi qu’à s’approvisionner en matières premières, genre fuel, capables d’alimenter la centrale qui leur procure de l’électricité. Lorsque le Sancto Berlusconi, un navire italien qui navigue au ralenti dans les eaux longeant les côtes du Labrador, Jappy et ses amis décident de l’arraisonner, ce qui leur fournit du fuel et autres produits de première nécessité. Cette opération réussie de main de maître, et sans dégâts, ils continuent sur leur lancée leurs actes de piraterie jusqu’au jour où Jappy et ses comparses se font piéger. Car évidemment le gouvernement et surtout La Lyonnaise des Eaux, qui a la main mise sur l’eau et autres matières premières, et dont l’importance financière dépasse de loin l’économie de bien des pays, n’apprécient pas cette guerre économique menée par des groupuscules qui s’érigent en nouveaux Robin des bois.

Roman de fiction Zones 5 laisse songeur le lecteur qui se pose moult questions, à raison, et jette un coup de projecteur sur ce qui se passe actuellement. Cette prépondérance de certaines sociétés multinationales, ou non, qui peuvent décider en catimini, car tout n’est pas toujours avoué au grand public, et mettre en danger la vie de nombreuses personnes. Que penser de cette prééminence que possèdent des sociétés, allez n’ayons pas peur de citer des noms, AREVA, MONSANTO et quelques autres ? Michel Vézina met le doigt comme un surligneur sur des dérives, mais combien de nous se sentent concernés. Mais après tout, ce n’est qu’un roman.

Vous pouvez également retrouver l’entretien qu’a accordé Michel Vézina à Claude Le Nocher sur Action-Suspense.

Paul Maugendre

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