Pierre DAC & Francis BLANCHE : Malheur aux barbus.

Pierre DAC & Francis BLANCHE : Malheur aux barbus. Signé Furax. Omnibus.

Retrouvez toutes les chroniques de Paul Maugendre sur
http://mysterejazz.over-blog.com/


Signé Furax ! Ah! Ah! Ah! Ah! Qui de nous ne se souvient pas de ce rire démoniaque et sardonique qui accompagnait cette déclamation ? Je pense bien sûr à ceux qui écoutaient au début des années 50 puis plus tard des années 57 à 60 les tribulations des détectives Black et White incarnés par Pierre Dac et Francis Blanche. C’était le bon temps où la télévision et les jeux vidéo n’avaient pas détrôné la radio et la lecture. Le bon temps des feuilletons radiophoniques qui duraient quotidiennement environ dix minutes mais écoutés religieusement par des millions d’auditeurs. C’est le 15 octobre 1951 que les auditeurs de Paris Inter, ancêtre de France Inter, purent découvrir et ouïr les protagonistes de ce feuilleton qui dura jusqu’au 28 juin 1952, soit 213 épisodes mouvementés et humoristiques, mais ne sera pas reconduit pour une seconde saison. Déjà les directeurs d’antenne prônaient l’innovation, malgré le succès rencontré. Heureusement Signé Furax allait revenir sur les ondes Europe N°1 de 1956 à 1960, et comble de l’ironie, le feuilleton était réalisé par celui qui avait mis en ondes la première saison : Pierre-Arnaud de Chassy-Poulay. Et c’est à cette époque que j’ai découvert Pierre Dac et Francis Blanche et cette atmosphère décalée avec salves de gags, de jeux de mots, de contrepèterie, d’interpellations même envers les auditeurs, une ambiance familiale bon enfant dont la vulgarité était exclue. Et l’on sentait que les comédiens qui interprétaient les différents personnages ne se prenaient pas au sérieux, ce qui ne les empêchera pas par la suite de se faire un nom. Pensez donc, outre Louis Blanche, le père de Francis, alias le professeur Merry Christmas et Pruttmacher, Jean-Marie Amato, jeune comédien décédé en 1961 à l’âge de 35 ans et qui figura dans de nombreux épisodes des Maîtres du Mystère de Pierre Billard, prêtait sa voix à Furax et Asti Spumante, Pauline Carton dans le rôle de Maharané Pauline et des débutants comme Maurice Biraud dans celui du commissaire Socrate, Jean Poiret, Roger Pierre, Jean-Marc Thibault, Raymond Devos, Guy Pierrault à la voix si reconnaissable destinée à doubler les dessins animés, et Lawrence Riesner, qui a joué plus tard le fameux sketch du permis de conduire avec Jean Yanne, dans le rôle du récitant. Mais Signé Furax, ce fut également une bande dessinée à épisodes publiée dans France Soir avec des dessins de Henry Blanc et des textes de Robert Mallat. Et un film en 1981 réalisé par Marc Simenon avec une pléiade de comédiens qui représentaient tout l’éventail du comique de l’époque. Et pour terminer cette petite digression, signalons enfin que Maurice Biraud anima les matinales d’Europe N°1 à la fin des années 60 tandis que Francis Blanche s’occupait de la tranche dominicale, se montrant précurseur des gags téléphoniques en interprétant notamment le directeur de l’institut de jeunes filles des Cours Sautrot de Vincennes. Malheur aux barbus qui, j’y reviens, sera suivi quelques années plus tard par Le boudin sacré, Le gruyère qui tue, La lumière qui éteint, Le fils de Furax.

Difficile de résumer les 213 épisodes qui composent le premier volet de Signé Furax, mais essayons quand même. Des barbus sont enlevés en plein Paris et le dernier en date n’est autre que Merry Christmas, le célèbre professeur titulaire de barbologie analytique. Sa fille Carole est inquiète et sur les conseils de son petit ami Fred Transport, reporter de sa profession, elle requiert les services des détectives Black et White, tandis que le commissaire Socrate assisté de l’inspecteur Euthymènes est lui aussi sur les dents. S’ensuivent moult aventures qui mèneront tout ce petit monde, ensemble ou séparément, en Espagne, à Addis-Abeba car le Négus a reçu une lettre de menaces, dans l’état indou du Sama-Koutra, aux Etats-Unis, au Mexique et même dans l’espace. Car rien n’est impossible à nos intrépides enquêteurs en studio. S’ensuivent des péripéties désopilantes au cours desquelles les gags s’enchainent comme les menottes à une troupe de condamnés en partance pour les travaux-forcés… du rire, qui n’est pas forcé (le rire) dans une ambiance impertinente, irrévérencieuse, mais pas méchante. Furax possède en Malvina une assistante et une compagne de choc, toute dévouée à la cause du malfaisant démoniaque. Si les jeux de mots (laids comme dirait un mien ami cycliste) foisonnent, exemple :

White : Qu’est-ce que c’est que cette écuyère qui fait de la voltige avec un pot-au-feu sur la tête ?

Black : Ça doit être une écuyère à soupe !

Ce n’exclut pas les déclarations langue de bois dont sont friands nos hommes politiques, telle cette suggestion d’un inspecteur au directeur de la police judiciaire :

A mon humble avis, monsieur le directeur, il faudrait orienter les investigations vers un point central qui constituerait en quelque sorte la plaque tournante d’où partiraient les données essentielles du problème dont la solution…

Réponse du directeur qui lassé coupe la parole : Merci, vous m’expliquerez la suite par lettre recommandée…

Je pourrais ainsi écrire des pages et des pages sur cet ouvrage de plus de 1300 pages, y compris l’introduction de Jacques Pessis, légataire universel de Pierre Dac, longtemps collaborateur de Philippe Bouvard et Président du Club des Croqueurs de Chocolat ce qui est quand même une référence, mais ce s