Hervé CLAUDE : Mort d’un papy voyageur. Le Poulpe 271.

Hervé CLAUDE : Mort d’un papy voyageur. Le Poulpe 271. Editions Baleine.

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Mais que peut bien faire Gabriel Lecouvreur, alias le Poulpe, un Poulpe complètement vaseux, à Cairns, sur la côte est de l’Australie, un endroit infesté de méduses ? Sans oublier les crocodiles qui se délectent de membres inférieurs placés à leur proximité. Le départ de cette aventure se situe au Pied de porc de la Sainte Scollasse, le bar attitré du Poulpe. Gérard le patron lui fait lire un entrefilet dans le journal relatant les malheurs de Me Pinard, un habitué du lieu, avocat de sa profession, spécialiste des affaires internationales, et dont le corps est retrouvé en partie à Cairns, alors qu’il devait exercer ses fonctions à Perth, sur la côte ouest australienne, soit à 4 000 kilomètres de son lieu occasionnel de résidence. Ne subsistaient que quelques reliques appartenant à ses membres inférieurs sur la plage et un couvre-chef. Pinard, qui soit dit en passant ne buvait jamais de vin en dégustant ses pieds de porc amoureusement mitonnés par la femme du bistrotier, passait volontiers ses vacances en Australie et avait accepté de s’occuper d’une affaire d’héritage assez compliquée et spécieuse, selon certains membres de la famille qui réfutent les droits de l’héritière présumée. Comme Gabriel est en mode pause avec Chéryl, et que rien de spécial ne le retient à Paris, il décide de se rendre aux antipodes. De Perth à Cairns en passant par Sidney il mène son enquête sur la mort de Pinard, interrogeant les membres de la famille de Bingo Cockburn, aujourd’hui décédé et qui avait construit sa fortune dans l’exploitation de gisements de minerai. Il avait eu de nombreux enfants hors mariage, dont Zelda qui aujourd’hui réclame une part du gâteau afin de construire des établissements pour enfants déshérités. Mais la seconde épouse de Cockburn, et sa descendance officielle ne veulent pas en entendre parler. Grâce à Chéryl avec qui il correspond par mail et un apprenti de la coiffeuse, Anthony, qui a bien connu Pinard, Gabriel possède des renseignements qu’il exploite. D’abord auprès d’une drag-queen, Dolly, et d’autres personnages dont Cattrioni, un officier de police avec lequel il sympathise. Et oui tout arrive ! Mais cela ne va pas sans coups durs et Gabriel manque de laisser sa peau dans cette affaire. Heureusement il trouve aussi quelques compensations, notamment dans la dégustation, parfois immodérée, de bières locales aussi surprenantes les unes que les autres. Et pour mener à bien sa mission, il proposera même à un gérant de club de jouer pour une soirée au transformiste, enfilant pour cette occasion la dégaine de Lady Gaga.

Cet épisode du Poulpe vaut surtout par le côté exotique et par la description sans complaisance des mœurs australiennes, la ségrégation entre aborigènes et descendants de pionniers. Par certains moments je n’ai pu m’empêcher de penser à Chat sauvage en chute libre de Mudrooroo. Et si Gabriel enquête dans les communautés gays, et sympathise avec quelques-uns d’entre eux, ou établit une relation constructive avec un évêque de Geraldton, ville située non loin de Perth et dans laquelle vivent de nombreux défavorisés, le trait n’est pas appuyé, ni dans un sens ni dans l’autre. Un roman plaisant à lire, dépaysant et qui nous montre un Poulpe dans un cadre inhabituel.

Paul Maugendre