Philippe LE MARREC : Les marchands du temple.

Polar, éditions Nuits Blanches.

Philippe LE MARREC : Les marchands du temple. Polar, éditions Nuits Blanches.

 

En volant l’ordinateur portable d’un employé du ministère de l’Intérieur, Brahim Kervéan avait-il mesuré toutes les conséquences de son acte ? Rien n’est moins sûr. Le temps qu’il a passé sous les verrous, il n’est sorti de prison que depuis quelques semaines, n’a pas été vain. Il a appris avec assiduité l’informatique et il aurait même pu décrocher un BTS s’il n’avait pas été relâché peu avant l’examen. C’est ça la vie carcérale, on n’a pas envie d’y aller et lorsqu’on apprend un métier, on vous fout dehors avant l’obtention d’un diplôme. Donc en trifouillant dans cet ordinateur il en apprend de belles grâce à la complicité d’un copain. Il découvre une liste de noms qui n’est pas anodine.

Justement cette liste était un des fichiers que le psychologue, payé par le ministère de l’Intérieur, venait de mettre en mémoire, fichier incomplet mais exploitable. Aussi la DST est sur les dents. Ce recensement a été retrouvé chez un homme qui s’est crucifié, dans un geste qui ne peut être que celui d’un dément. Depuis il est enfermé dans un hospice psychiatrique. Des homicides rituels sont perpétrés sur des personnes dont les patronymes figurent sur la fameuse liste. Le meurtrier laisse sur le visage de ses victimes des traces d’huile, des coulures de bougie ainsi que de petites miettes de pain gisent près des cadavres. Le capitaine Malhuret et ses hommes sont chargés de remonter la filière et éventuellement prévenir d’autres assassinats.

Toujours à Paris, Clémentine, une jeune journaliste qui n’a pas besoin de travailler pour assurer ses dépenses, enquête sur des mouvements de fonds suspects entre les Etats-Unis et les pays asiatiques, des transferts massifs non justifiés pouvant déséquilibrer l’ordre financier mondial. Elle se rend en Espagne et rencontre un religieux qui a participé au sommet de Davos en tant que partenaire privé et qui connait bien les systèmes bancaires. Dans une boîte de nuit où elle passe la soirée, elle échappe de peu à des policiers de la Guardia Civile, ou qui se présentent comme tels. Heureusement pour elle, elle avait demandé à son chauffeur de taxi, qui se révèle comme un homme de ressources, de l’attendre, et elle parvient à leur fausser compagnie. Ils rejoignent le sud de la France chez un astrophysicien dont l’adresse lui a été fournie par le religieux.

Brahim se rend dans l’Eure afin de prévenir Sarah Klingman, une juge d’application des peines, susceptible d’être la nouvelle cible. Des policiers sont chargés de surveiller les alentours, mais ceci n’empêche pas un inconnu de vouloir attenter à la vie de la juge. Elle décide de se cacher dans les Pyrénées en compagnie de Brahim.

La NSA, l’Agence Nationale de Sécurité américaine, organisme chargé de surveiller et contrôler les informations en provenance d’Europe afin que ses intérêts stratégiques, militaires, financiers ou industriels ne soient pas spoliés, est alertée. Les Français viennent de se faire voler un ordinateur pouvant contenir des informations vitales. Le commandant Parker est envoyé à Paris afin de surveiller et enquêter sur les faits et gestes des protagonistes ayant un lien avec ce vol.

Tous les protagonistes sont mis en place et l’histoire n’a plus qu’à se dérouler, ponctuée de cadavres et de moult rebondissements, dont le moindre n’est peut-être pas la cause de cette fuite de capitaux. Le démarrage est assez lent, mais peu à peu l’intrigue prend de l’ampleur pour se clore en beauté. Certains lecteurs jugeront cette histoire peu crédible, d’autres y trouveront une explication plausible sur les événements qui ont secoué les banques mondiales et le système financier dans les années 2008, 2009. Car comme le déclare l’un des protagonistes, « Les versions officielles ne sont pas faites pour être crues, monsieur le préfet. Elles sont faites pour couper court aux rumeurs ». Le simple citoyen n’est jamais véritablement informé de ce qu’il se passe réellement, et toutes les interprétations sont possibles, même celle imaginée par l’auteur. « Les financiers se foutent de savoir si un événement est vrai ou faux à partir du moment ou sa probabilité existe ». Et l’auteur, qui est journaliste à la rédaction de France 3 sait pertinemment ce dont il écrit : « Le problème de la presse, c’est son manque de recul. Elle travaille à flux tendu sur des infos conçues par des services de communication ». Comment voulez-vous que le quidam puisse dans ce cas posséder une vision objective des faits qui sont décrits et des déclarations politiques ?

Seul petit reproche que j’émettrai, ce sont les nombreuses coquilles qui émaillent le texte, mais les journaux en fourmillent et chez quasiment tous les éditeurs aujourd’hui également.

 

 

Citations :

-Les Français ont une fâcheuse tendance à utiliser des figures de rhétorique quand ils parlent, à telle enseigne qu’ils n’ont plus besoin de coder leurs communications pour que la compréhension nous échappe.

- Certaineme