Jean-François POUPART : Toujours vert

Polar Coups de Tête N°17.

Jean-François POUPART : Toujours vert. Coups de Tête N°17.

2018. Le 11 septembre Ben Laden s’est scratché volontairement à bord d’un avion qui a détruit la statue de la Liberté. En Floride, d’anciennes rock stars vivent en communauté, dans le domaine immense d’Evergreen, près de Fort Lauderdale, un refuge paradisiaque dûment gardé par des cerbères, une retraite qu’ils peuvent se payer après avoir engrangé les royalties durant les années fastes. Le royaume de la drogue, de l’alcool, du sexe (ou ce qu’il en reste), au service de vieillards décharnés. Et au bout, la mort. Pas toujours celle espérée, tranquillement dans son lit, après une dernière partie de jambes en l’air pour squelettes arthritiques, ou un dernier joint qui ne colmate pas les fuites du temps. Un projet qui tombe à l’eau pour Jon Lord retrouvé noyé dans la piscine de Lou Reed. Ray Manzarek, le maire de cette communauté, requiert les services de Mike Burns, un ancien policier vaguement reconverti en détective plus ou moins privé de ses esprits à cause des défonces quotidiennes qu’il s’octroie généreusement, afin de mener à bien une enquête dont le résultat ne doit pas sortir de l’enceinte. Pour Mike Burns, il y a gros à gagner, gros peut-être aussi à perdre. Car sans qu’il s’en doute il est le jouet d’une manipulation, à moins que ce soit la drogue qui lui perturbe les neurones. Et il va côtoyer quelques anciennes gloires, qui outre Ray Manzarek, l’ancien claviériste des Doors, le cadavre de Jon Lord, qui fut membre de Deep Purple, s’appellent Marylin Manson, Keith Richard, et quelques autres.

Ce court roman de fiction et d’anticipation proche, où tous les états des Etats-Unis ont rétabli la peine de mort, suite à divers assassinats dont celui d’Obama, nous entraîne dans une histoire déjantée, pathétique, onirique, cynique, caustique, mettant en scène des personnages que les moins de vingt ans n’ont pas pu connaitre, mais qui rappelleront à certains d’agréables moments musicaux. Mais c’est surtout la vision du rêve américain qui est battue en brèche avec l’extrapolation d’un avenir sombre et des avancées médicales malsaines. Un roman à prendre au second degré, avec toutefois cette vague impression que tout est possible, que tout peut arriver, le meilleur comme le pire. Surtout le pire.

Paul Maugendre

Retrouvez les chroniques de Paul Maugendre sur son blog dédié au polar et au jazz à l'adresse suivante   www.mysterejazz-overblog.com