Les 5 faits à savoir sur la légende Otis Redding

Les 5 faits à savoir sur la légende Otis Redding

A l'occasion des 57 ans de sa disparition, Jazz Radio revient sur la mémoire d'une des icones de la soul...

Le 10 décembre 1967, le monde de la musique pleurait le nom d'un jeune artiste, alors en pleine gloire : Otis Redding. Un prodige comme on en voit peu, et qui a su, en une carrière d'à peine 7 ans, faire entrer son nom dans la légende. Un comble quand on sait à quel point le jeune homme, disparu tragiquement dans un accident d'avion, désirait ardemment laisser son empreinte sur la scène musicale

Un concours de chant plus que rentable 

Tout juste âgé de 17 ans, le jeune Otis, passionné de musique depuis sa plus tendre enfance, décide de se lancer dans un concours ambitieux. Il s'agit d'un concours de talent, "The Teenage Party", organisé par un DJ américain assez réputé de l'époque, Hamp Swain

Avec quelques amis, Otis se présente sur scène, et se fait alpaguer par un certain Johnny Jenkins, alors guitariste de renom. S'il remarque très vite le talent d'Otis, il lui fait comprendre que ses petits camarades de scène ne sont pas à son nouveau et lui propose de l'accompagner. Otis Redding accepte, et jouera alors un titre de son idole, Little Richard, "Heebie Jeebies".

Grâce à cette collaboration, Otis Redding a remporté le concours pendant 15 semaines consécutives, avant d'être finalement banni pour qu'il puisse laisser une chance à ses autres concurrents. Si le prix était de 5 dollars à l'époque, cela représente un petit pécule de 645 dollars aujourd'hui.

Une histoire de timing

Si le talent fait beaucoup dans la carrière d'un artiste, la chance peut parfois donner un petit coup de pouce au destin. Après le concours "The Teenage Party", et sa rencontre avec Johnny Jenkins, le guitariste avait proposé à rejoindre son groupe de l'époque. Une jolie proposition, qui s'est finalement transformée en "arnaque" : Otis Redding est devenu le chauffeur officiel du groupe, puisque Jenkins n'avait pas le permis de conduire.

Un jour de 1962, alors que le groupe participait à une séance d'enregistrement pour Stax Records organisée par leur manager Phil Walden, les choses ne se sont pas passées comme prévues : les musiciens n'arrivaient pas à trouver un terrain d'entente, et ont mis fin à leur session d'enregistrement. Il restait cependant quarante minutes de studio inutilisées. Et c'est là où Otis Redding a saisi sa chance : il a demandé s'il pouvait enregistrer une ballade qu'il avait écrite de son côté. La chanson en question ? "These Arms of Mine", le premier tube qui lui valu d'être signé en solo dans un label. 

Un sifflement imprévu devenu une marque de fabrique

Est-ce que vous vous rappeler du sifflement final de la chanson "Sitting On'The Dock of the Bay" ? Hé bien sachez que cette signature, qui donne tout son charme au morceau, n'était pas censée apparaître dans la chanson. En effet, cette version était censée être juste provisoire : Otis ne faisait que siffler en attendant d'écrire les paroles finales de la chanson. 

Malheureusement, le musicien est mort tragiquement, quatre jours seulement après l'enregistrement de cette chanson, et la version "brouillon" n'a jamais pu être modifiée. Cette chanson, qui a d'ailleurs été inspirée par le mode de vie atypique d'Otis Redding à l'époque, est aussi devenue son plus grand succès à titre posthume : le morceau a atteint la première place des classements pop et R&B l'année suivante après sa mort. 

Un amour pour les chevaux et les chaussures

Alors pour rendre hommage à l'artiste disparu il y a 57 ans, Jazz Radio revient sur les anecdotes les plus insolites de la vie de l'un des plus grands chanteurs de soul de tous les temps.

Grâce à sa musique, Otis Redding, qui a grandi dans un environnement plutôt modeste, a commencé à bien gagner sa vie. Très bien gagner sa vie même, à raison de 35 000 dollars gagnés chaque semaine grâce à ses spectacles. Un train de vie qui lui a permis de s'offrir de jolis cadeaux : selon les journaux de l'époque, Otis Redding possédait plus de 400 paires de chaussures et 200 costumes

Mais son plus gros cadeau, c'est bien sûr son ranch de 120 hectares, situé à Round Oak en Géorgie. Empruntant à son propre surnom, Redding l'appelle le Big O Ranch, et s'y rend très régulièrement pour prendre soin de ses chevaux, ses cochons et sa propriété. Loin de l'agitation du star-system, Otis Redding prend le temps de se ressourcer à la campagne, comme il l'expliquait dans une interview accordée à Blues and Soul Magazine

"J'aime et j'apprécie la vie en Géorgie. Je possède un bel endroit à la campagne qui me permet de me détendre." Otis Redding (traduction Jazz Radio)

Aujourd'hui, le Big O Ranch appartient toujours à la famille Redding, et notamment à sa veuve, qui agrandit le domaine. Elle l'a d'ailleurs brièvement ouvert au public lors d'une commémoration dédiée au chanteur. 

Prévenu par le parrain de la funk

On vous en a déjà parlé dans notre histoire de jazz : la mort d'Otis Redding reste à ce jour encore auréolée de mystères. A cette époque, Redding est au sommet de sa gloire, les salles se remplissent à vitesse grand V et le jeune musicien de 26 ans vient tout juste d'enregistrer son futur grand hit, "(Sittin' on) The Dock of the Bay". Avec tous ses déplacements, le musicien avait décidé de s'offrir un petit avion. Mais de son voyage du 10 décembre 1967, qui devait amener Otis Redding et ses musiciens à Madison, il n'y aura qu'un rescapé. 

Un événement tragique, qui ne serait peut-être pas arrivé si Otis Redding avait pris en compte les conseils d'un autre géant de l'industrie musicale, aka James Brown. En effet, quelques jours avant le crash, Otis Redding avait publié une photo de lui où on le voit fièrement poser devant son avion, guitare à la main. En voyant la photo, James Brown avait averti le jeune musicien en lui disant que ce modèle d'avion ne convenait pas pour ce genre d'activités. 

"Le dernier matin, nous avons discuté (...) Je lui ai dit : "Cet avion n’est pas assez gros pour faire ce que vous faites. Il ne peut pas transporter toutes ces personnes et tout cet équipement. Vous ne devriez pas le manipuler comme ça." - James Brown 

Une info que le jeune musicien a omis, peut être au péril de sa vie. Bien plus tard dans ses mémoires, James Brown a partagé quelques mots sur le sujet :

"Quelqu’un a trompé Otis… Cet avion était un vieil avion, avec une batterie défectueuse et de nombreux problèmes de service, et il n’avait aucune raison de voler dans ce genre de temps." - James Brown