Chaque année, c’est un grand moment pour les amateurs de jazz : qui aura la chance de remporter l’un des prix de l’Académie du Jazz ? Et cette année ne fait pas exception à la règle ! Il est vrai que cette institution ne date pas d’hier. Créée en 1954 par l’animateur de radio français, André Francis, aux côtés de Jean Cocteau, l’Académie du Jazz est, aujourd’hui, un véritable symbole du genre. À l’époque, le jazz était encore bien trop méconnu. Et pour cause, les festivals étaient presque inexistants, les concerts et les clubs de jazz, peu nombreux. Quant à l’édition de disques, elle était plutôt mal gérée, par un service de presse souvent considéré comme désastreux. Le jazz avait donc beaucoup de mal à s’imposer auprès de l’opinion publique. Pourtant, certains marginaux, étudiants, ou jeunes intellectuels parisiens, se sont montrés séduits. Et pour pallier à ce manque criant de considération, quelques-uns de ces amateurs fondèrent une Académie du Jazz.
Ils décidèrent alors de récompenser, chaque année, le meilleur de la production du jazz, dans les différents domaines qui le composent. En outre, un prix particulier est rapidement mis en place, permettant de récompenser le jazzman français le plus créatif de l’année : le prix Django Reinhardt. Ainsi, depuis cinquante ans, l’Académie du Jazz décerne donc deux principaux prix : l’oscar du meilleur disque de l’année, et le prix Django Reinhardt, qui récompense le musicien français de l’année. Dès 1958, le prix Fats Waller voit le jour, mettant la meilleure réédition de jazz à l’honneur. Par la suite, de nombreux autres prix viennent renforcer la réputation de l’institution. En réalité, l’Académie du Jazz est une représentante de la créativité et de la liberté d’expression du jazz. Et cette année, la cérémonie s’annonce, une nouvelle fois, haute en couleur. En tant que président de l’Académie, Jean-Michel Proust, nous honorera de sa présence. L’historienne du jazz et membre de l’Académie, Anne Legrand, sera également présente. Les finalistes viennent d’ailleurs tout juste d’être dévoilés et en voici la liste :
Prix Django Reinhardt 2024 (meilleur(e) artiste français(e) jazz de l’année) :
- Arnaud Dolmen
- Robinson Khoury
- Ludivine Issambourg
- Jeanne Michard
Prix du disque français 2024 (meilleur disque enregistré par un(e) musicien(ne) français(e)) :
- Baptiste Herbin - "Django" (Matrisse Productions)
- Airelle Besson - "Surprise" (AJP)
- Flash Pig - "The Mood for Love" (Astérie)
- Sophye Soliveau - "Initiation" (auto-production)
Grand Prix de l’Académie du Jazz 2024 (meilleur disque de l’année) :
- Monty Alexander - "D-Day" (PeeWee !)
- Sullivan Fortner - "Solo Game" (Artwork Records)
- Nubya Garcia - "Odyssey" (Concord)
- Meshell Ndegeocello - "No More Water" (Blue Note)
Prix vocal 2024 (meilleur disque de l’année dans la catégorie jazz vocal) :
- Samara Joy - "Portrait" (Verve)
- André Minvielle - "Trenet en passant" de Guillaume de Chassy (La Complexe Articole de Déterritorialisation)
- Youn Sun Nah - "Elles" (Warner)
- Hugh Coltman - "Good Grief" (Masterwork)
Prix Evidence 2024 (distingue un nouvel enregistrement exceptionnel, à sortir de l’anonymat) :
- Sophye Soliveau - "Initiation" (auto-production)
- Alexis Valet - "Following the Sun" (Jazz&People)
- Charlotte Planchou - "Le Carillon" (Quai Son)
- Immanuel Wilkins - "Blues Blood" (Blue Note)
Prix blues, soul, gospel 2024 :
- Linda Lee Hopkins - "Spirit & Soul" (Enchanté)
- Chris O’Leary - "The Hard Line" (Alligator)
- Marcus King - "Mood Swings" (Republic)
- Jade McRae - "In My Veins" (Macmusic)
Prix du musicien européen 2024 :
- Coffret Sister Rosetta Tharpe - "Live in France, the 1966 Concert in Limoges" (Elemental)
- Livre de Guillaume Nouaux - "La naissance de la batterie" (Frémeaux & Associés)
- Site Internet - "Nicole & Eddy Barclay, and Jazz" (Daniel Richard)
- Coffret Art Tatum - "Jewels in the Treasure Box" (Resonance)
Prix Jazz Heritage 2024 :
- Bria Skonberg - "What it Means" (Cellar Music)
- Snorre Kirk - "What a Day !" (Stunt)
- Malo Mazurié - "Taking the Plunge" (Encore Music)
- Judith Owen - "Comes Alive" (Twanky)
Robinson Khoury a-t-il vraiment une chance de remporter le prix Django Reinhardt ?
Le jury de l’Académie du Jazz a tranché, en désignant les quatre finalistes du prix Django Reinhardt. Chacun espère donc avoir la chance de monter sur la plus haute marche du podium tant convoité. Et Robinson Khoury fait partie des heureux élus ! À tout juste 29 ans, sa maîtrise parfaite du trombone fait de lui un véritable génie du genre. En outre, il est considéré comme un explorateur-né, puisqu’il mise énormément sur l’originalité et les découvertes sonores. Après de multiples expériences au sein d’orchestres, il s’est rapidement frayé un chemin dans l’industrie du genre. Depuis, sa cote ne cesse de monter en flèche. En 2019, il sort son premier disque en solo, intitulé "Fame of Mind". En 2022, c’est son second album qui voit le jour, sous le nom de "Broken Line". Mais c’est son troisième opus qui lui vaut cette prestigieuse nomination. Effectivement, "Mÿa" remporte un franc succès auprès des amoureux de jazz, mais aussi du côté des professionnels du genre. Selon Libération, il s’agit d’un chef-d’œuvre musical :
"Le tromboniste surdoué interroge ses racines d’origine libanaise, dans ce troisième album cosmogonique et arabisant".
Il semblerait donc que Robinson Khoury ait toutes ses chances de remporter le Saint Graal. Une chose est sûre : nous attendons tous, avec beaucoup d’impatience, le verdict de l’Académie du Jazz !
