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Hugo BUAN : Hortensias blues

Collection Univers Grands Romans. Pascal Galodé éditeurs.

L’Hydrangea, plus communément appelé hortensia, est l’un des éléments floraux les plus représentatifs de la Bretagne avec le chou-fleur et l’artichaut.

Sauf que, jusqu’à preuve du contraire, cette fleur ne se déguste pas. Mais oser planter une fleur d’hortensia dans la partie charnue d’un individu, ce qui vous l’avouerez n’est pas le récipient idéal pour une décoration florale, dépasse l’entendement du quidam, et plus encore au commissaire Lucien Workan, enquêteur de la police rennaise.

Et si encore le défunt était horticulteur ! Mais non, ce n’est qu’un chirurgien dentiste dont le fondement est orné d’une fleur de cette plante originaire du Mexique, une fleur bleue doit-on préciser. Marotan, tel est le patronyme du défunt fleuri, exerçait son art dans un immeuble dédié aux professions médicales sis quai de la Vilaine. La maison médicale l’Albatros gérée en SCI, abrite en ses murs un proctologue, un ORL, un psy, un allergologue, un rhumatologue, un généraliste, une kiné, une gynéco, une ophtalmo et une pédiatre.

C’est la veuve de Marotan qui a découvert le corps de son mari, s’inquiétant de ne pas le voir rentrer à la maison après sa dure journée de labeur, et de labour dentaire. Il a été assassiné avec un club de golf, sport que pratiquait régulièrement l’arracheur de dents qui par ailleurs ne se contentait pas de lancer les balles dans les trous mais accumulait les conquêtes féminines. Workan et son équipe sont sur les dents, d’autant qu’un autre cadavre , l’ORL, est bientôt découvert, lui aussi affublé d’un tel ornement floral. Workan soupçonne l’un des toubibs de la maison médicale de s’amuser aux dépens de ses collègues en fleurissant prématurément leurs cadavres, et plus particulièrement le psychiatre qu’il tarabuste avec une joie sadique. Mais il ne montre guère d’affabilité avec ses subordonnés, dont son adjoint Lerouyer, la Berbère Leïla avec qui il couche occasionnellement ce qui adoucit toutefois leurs relations, et quelques autres qui se demandent dans quelle galère ils se sont fourrés. Sans oublier la Procureur, Sylviane Guérin, qu’il ne ménage pas non plus, par pur plaisir sadique. A moins qu’il s’agisse tout simplement de s’affirmer, lui qui doit sa relative tranquillité professionnelle au passé de résistant d’un aïeul d’origine polonaise. Et pourtant il les aime bien ses hommes (adjointes y compris) et se montre parfois paternaliste, bon enfant avec eux. Selon son humeur.

Hugo Buan visiblement s’amuse dans cette histoire mettant en scène un personnage quelque peu déjanté, le commissaire Workan un passionné des œuvres de Francis Bacon, et des adjoints qui parfois frisent le ridicule. Une fine équipe qui ne peut empêcher les cadavres de s’amonceler, au grand dam de Prigent, le big boss. Le caractère souvent acariâtre de Workan l’amène à se montrer vindicatif, quelque soit son interlocuteur.Témoin cette scène épique où il vitupère sur le prix d’un café auprès d’un restaurateur.

Seulement il y a un petit bug dans la conversion des volumes. En effet 3 € c’est cher pour un café, mais lorsque la tasse mesure cent centilitres ! A moins que l’auteur ait voulu écrire dix centilitres, cent représentant un litre, ce n’est plus une tasse qui a été servie à Workan mais un seau. Une erreur de typographie je suppose (page 138). Mais Hugo Buan est également un admirateur de Michel Audiard, ça se sent, ça se lit, ça se déguste. Pour preuve : “ A ce niveau de crétinisme Workan regretta qu’il n’y eu pas de prix Nobel de la connerie, il y aurait au moins un Français vainqueur chaque année ”. Un livre de divertissement plaisant à lire.

 

Paul Maugendre

 

Retrouvez les chroniques de paul Maugendre sur son blog dédié au polar et au jazz à: www.mysterejazz-overblog.com