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André HELENA : Le demi-sel - Polar

Polar Collection Noir Rétro. Editions Plon.
André HELENA : Le demi-sel.

Le demi-sel, André Helena

Heureuse initiative que celle des éditions Plon de rééditer l’un des romans composant la série « Les Compagnons du destin » d’André Héléna. André Helena, un auteur peu ou mal connu, redécouvert cycliquement par des maisons d’édition qui ne mènent pas jusqu’au bout leur entreprise : 10/18, Fanval, et autres. Mais rééditer son œuvre, même partiellement, n’est que justice. Des romans qui malgré un petit air désuet n’ont pas pris une ride. Paradoxal ? Non. Ceux qui n’ont pas connu ces endroits chauds que sont Pigalle, Barbès, La Goutte d’Or, n’ont pas connu Paris à la fin de la guerre, n’ont pas connu ces bouges avec les comptoirs en zinc, et la sciure sur le sol, ne peuvent pas se rendre compte de la force d’évocation des écrits d’Héléna. Si les mauvais garçons et les filles écument encore les trottoirs entre l’avenue de Clichy et Barbès, les lumières, les musiques, les devantures accrocheuses ne sont plus les mêmes et c’est le Paris d’aujourd’hui qui semble superficiel. Les romans d’Héléna n’ont pas pris une ride car son écriture possède toujours cette force d’évocation, ce mélange acidulé de langue française et d’argot que l’on retrouve chez les grands anciens comme Francis Carco. De même les histoires sont de tout temps. Cette mouise dans laquelle se débattent les acteurs des drames de la ville, cette déchéance dans laquelle ils sont aspirés comme dans des sables mouvants, cette misère qui s’accroche à leurs basques et avec laquelle ils s’habituent à vivre, tout cela existe encore. Les demi-sels qui veulent se prendre pour des caïds ou qui sont jugés à tort comme tels, des victimes de la société, des autres, d’eux-mêmes ou du hasard qui complique toujours la vie. Ce roman d’Héléna retrouve une nouvelle jeunesse, et ce n’est que justice. Mais une fois de plus l’auteur, comme bien d’autres, ne jouira pas de ce regain d’intérêt porté à son œuvre car il est décédé en 1972. Restent ses compagnons de route, ses admirateurs, ses condisciples qui rendent hommage ici ou là à un romancier trop tôt disparu, dans l’indifférence générale et qui n’eut jamais de chance auprès des éditeurs ou alors trop tard. Sans oublier qu’il fut spolié, réédité sous des noms d’emprunts pseudo-américains, ou obligé d’écrire à la va-vite chez des éditeurs plus ou moins véreux afin de gagner la pitance quotidienne. Et ceux qui aiment chiner dans les vide-greniers tenteront de retrouver ses romans parus dans la collection La Chouette sous le pseudonyme de Noël Vexin qui pour certains critiques sont des ouvrages mineurs, mais pour les nostalgiques des romans populaires des ouvrages dignes de figurer sur les étagères des bibliothèques populaires.

Paul Maugendre

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