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Laurent Terry : Usurpé

Polar, Collection Nuit Blanche Edition Plon

Laurent TERRY : Usurpé. Collection Nuit blanche. Editions Plon.

Dès les premières pages, le lecteur se trouve enfermé dans un univers de suspense, un peu à la façon dont construisait ses romans Cornel Wollrich, plus connu en France sous le nom de William Irish. Une atmosphère envoûtante, oppressante, dans laquelle un homme qui frappé d’amnésie est obligé de se reconstruire, de retrouver son passé, et de chercher pourquoi il est devenu une sorte de paria. Lorsque Thomas Eckelton sort de ce qu’il pense être à l’origine un évanouissement prolongé, il est tout surpris de se trouver dans le Paraiso, un bidonville mal famé de Bogota. Son dernier souvenir remonte à quatre jours auparavant, alors que parti en mer afin de se détendre il dégustait un cocktail. Il avait bien trouvé un léger goût d’amertume au breuvage, et après c’est le néant. Il n’a en poche qu’un malheureux billet de vingt dollars, ses vêtements sont en loques et il doit sortir au plus vite du quartier. Il croit sombrer dans la folie lorsque dans une glace il découvre que son visage n’est pas le sien. Auprès de l’ambassade américaine, il tente bien d’obtenir un visa afin de quitter le pays, mais après vérification les empreintes qui sont enregistrées à son nom ne sont pas les siennes. Comment lui, Thomas Eckelton, en est-il arrivé là ? A San Francisco, il était le dirigeant d’une société informatique qui en deux ans s’était imposée sur le marché des moteurs de recherche, et attisait la convoitise d’autres entreprises qui souhaitaient l’annexer, dont la Techsystem. Auprès d’une jeune prostituée qui rêve d’aller aux Etats-Unis afin de fréquenter une école de danse réputée, il trouve assistance et espoir. Son frère ne lui propose pas de convoyer des boulettes de drogue, son estomac servant de récipient, mais simplement d’embarquer pour Los Angeles avec une mallette. Ce qu’elle contient ne le regarde pas et d’ailleurs il ne pose aucune question, trop content de pouvoir, peut-être, quitter la Colombie.

A San Francisco, un inconnu réclame, pour libérer Thomas, une important somme d’argent auprès de Hannah, une jeune femme que le disparu a connue peu de mois auparavant, et qui comble sa solitude après son divorce. Le FBI est sur les dents et imagine un stratagème afin de pouvoir alpaguer l’homme au moment de la remise de la rançon. Hélas, le rendez-vous, situé près d’une pagode dans le jardin japonais du Golden Gate Park, est perturbé par une procession, genre parade de carnaval, le tout dans une ambiance indescriptible de tintamarre musical et de fumée. Grâce à quelques indices soigneusement épluchés, les agents du FBI sous les directives de leur patron Franck Anderson vont pouvoir remonter à la source et ils ne savent pas encore que ce qu’ils vont trouver va se transformer en un imbroglio machiavélique.

Avec un titre coup de poing qui affiche la couleur, Usurpé, ce roman pourrait n’être qu’une banale histoire d’usurpation d’identité. Mais Laurent Terry qui connait ses classiques, Grisham, Coben et autres auteurs à succès, et digéré la façon de faire monter la sauce, tient en haleine le lecteur par une écriture souple et entretient continuellement le suspense en alternant les scènes dans lesquelles se débattent les différents protagonistes : Thomas et les hommes du FBI. Hommes, c’est une généralité car parmi l’équipe d’Anderson, Heather, la seule femme du groupe n’est pas la moins présente sur le terrain. Sportive, intelligente, réfléchie, décidée, elle sait où elle va et n’a pas besoin d’ordres répétés pour effectuer son travail ou prendre des initiatives. Comme dans tout groupe, il peut exister des tensions et entre Anderson et Raynes qui vient d’intégrer la brigade, le courant ne passe pas toujours. Autant Franck est calme et posé, c’est d’ailleurs grâce à sa détermination qu’est née la brigade recherche suite à un problème familial, autant Sonny est emporté, violent. Lui aussi traîne une casserole, pourtant son analyse des événements n’est pas toujours erronée et lorsqu’il a quelqu’un dans le nez, il est comme une sangsue, il ne lâche pas sa proie. Enfin dans ce roman qui ne joue pas dans l’angélisme, l’amitié ou tout au moins la reconnaissance n’est pas un vain mot. Quant à la morale, elle est sauve, presque, mais certains des protagonistes paieront les pots cassés. Laurent Terry, un jeune auteur prometteur.

Paul Maugendre

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