James PATTERSON Une ombre sur la ville

Polar Traduction de Philippe Hupp. Editions de l’Archipel

James PATTERSON  Une ombre sur la ville

Ma petite entreprise, connait pas la crise... James Patterson pourrait en effet chanter ce tube d’Alain Bashung car tous ses romans publiés aux Etats-Unis deviennent dans la foulée des best-sellers. Ses romans ? Oui, enfin presque car depuis quelques années il est associé à des auteurs dont malheureusement le nom n’apparait pas sur les éditions françaises. Ainsi pour Une ombre sur la ville, James Patterson s’est attaché les services de Michael Ledwidge, avec lequel il a signé quatre Bennett. Avec Howard Rougham il a publié Dernière escale, et bien d’autres avec Liza Marklund, Martin Dugard, Richard Dilallo, G. Maxime Paetro, Peter de Jonge notamment. Et si vous n’êtes pas convaincu vous pouvez toujours aller visiter son site http://www.jamespatterson.com/. Quels sont les apports des uns et des autres, qui écrit les scénarii, qui rédige le texte, James Patterson n’appose-t-il pas uniquement que sa signature ? Toutes questions que l’anglophile, ou américanophile, peut, peut-être, résoudre en visitant son site. Quant à moi, mes connaissances de l’anglais sont trop restreintes pour répondre à cette question qui n’est pas cruciale.

Une ombre sur la ville met en scène l’inspecteur Mike Bennett, ancien du FBI et attaché au NYPD, département de la brigade antiterroriste. Il est chargé de raisonner un jeune homme qui se retranche dans un appartement avec ses otages, mais l’affaire tourne mal. L’homme est abattu par quelqu’un dissimulé dans la foule et les badauds invectivent les policiers. Un loupé dans la carrière de Bennett, mais ce n’est pas ce qui va le chagriner outre mesure. A la maison, désertée par Maeve sa femme décédée un an auparavant, ses dix enfants l’attendent dans une cacophonie indescriptible. Des gamins que Maeve et lui ont adoptés, mais il les considère comme ses enfants, et pour l’heure une bonne moitié est en train de vomir et autres joyeusetés. Heureusement il peut compter sur Mary Catherine, leur jeune nounou, efficace et toujours disponible. Ils ont contracté la grippe, ce qui pour Bennett est aussi catastrophique que le onze septembre 2001, événement traumatisant toujours présent dans l’esprit des New-Yorkais. Mais une nouvelle affaire se profile à l’horizon qui va accaparer durant des jours et des nuits Bennett. Un homme élégant vient de pousser sur les rails du métropolitain une jeune femme, puis c’est au tour d’un employé d’une boutique de vêtements de luxe d’être tué par un homme habillé avec un maillot des Mets, un maître d’hôtel stylé d’un restaurant chic est abattu par un inconnu déguisé en cycliste. Tout concourt à penser qu’il s’agit du même et unique personnage qui à chaque fois perpétue son forfait. Mais pour quelles raisons, cela demeure une énigme, jusqu’au moment où Bennett est accusé par ses supérieurs d’avoir facilité des fuites envers une journaliste dont pourtant il ne prise guère les façons de procéder. Le psychopathe, qui se surnomme Le Professeur, a envoyé un manifeste au New-York Times justifiant son geste parce qu’il a « décidé d’apprendre les bonnes manières à ce monde en perdition ». Envoyer un manifeste afin qu’il soit publié dans les journaux, attisant l’inquiétude des habitants de la Grande Pomme qui redoutent une nouvelle vague d’attentats, ne suffit pas au Professeur qui expédie un e-mail à Bennett, l’appelant par son nom, lui promettant des jours difficiles. Mais pour le policier, ce psychopathe n’est pas un dément, mais un psychopathe organisé, intelligent, parfaitement maître de ses gestes.

Ce nouveau roman attribué donc au seul Patterson entretient un double suspense, professionnel et familial, et les affres ressentis par Bennett face à la maladie qui frappe ses enfants en constituent des passages peut-être plus intéressants que la recherche de l’identité du Professeur et son arrestation. Quoi que les dernières scènes lorsque les deux hommes sont en présence l’un de l’autre ne manquent pas d’effets spéciaux et s’avèrent particulièrement spectaculaires. La tension qui monte progressivement alliée à des retournements de situations et de petits à-côté qui n’ont rien à voir avec l’histoire mais qui s’intègrent parfaitement en font un livre plaisant à lire après une rude journée de travail.