Hervé PICART : La pendule endormie

Polar L’Arcamonde 4. Editions du Castor Astral

Hervé PICART : La pendule endormie

Pourquoi une journée est-elle divisée en deux fois douze heures ? Et chaque heure en douze fois cinq minutes ? C’est ce que peut se demander, à juste raison, Franz Bogaert, antiquaire à Bruges, Belgique, lorsqu’un sien confrère lui apporte une pendule sortant des normes établies. Ce n’est pas la représentation de Junon sur le dôme qui l’intrigue, ni les différentes fleurs qui symbolisent les heures. Mais parce que ces ornements floraux ne sont qu’au nombre de onze, ce qui tous comptes faits, réduit chaque journée à 20 heures et dix minutes. Pour Franz et sa belle assistante Lauren, il n’y a pas de temps à perdre. Il leur faut rechercher le sérial qui leurre à l’origine de cette mystification. Car s’il est coutume de dire que le temps perdu ne se rattrape jamais, qu’en est-il du temps gagné ? Mais une pendule qui ne fonctionne pas, à quoi peut-elle bien servir ? Franz ne se décourage pas pour autant car chez lui la résolution d’un mystère est plus qu’un passe-temps, c’est une passion. Même s’il perd son temps. Quelques indications gravées sur le socle attirent son attention, mais c’est un message anonyme avec une photo représentant un personnage du XVIIIème siècle, puis d’autres épitres du même genre, qui le mettent progressivement sur la voie. Surtout qu’il a réussi à trouver la clé de l’énigme pour remonter la pendule à défaut de remonter le temps. Seulement comme le lui fait remarquer Lauren, tous les personnages représentés, qui ont vécu à des époques différentes pour arriver presque jusqu’à nos jours, sont décédés alors qu’ils n’avaient que quarante-sept ans. Franz lui-même approche tout doucement de cet âge fatidique, il s’en faut de quelques jours. Les rouages de ses neurones arrivent à la conclusion qu’un vicomte, ayant habité un château sis dans les Ardennes et peut-être en avance sur son temps, celui du siècle des Lumières et de Voltaire, s’est livré à une expérience irrationnelle. Franz décide de renouveler, en compagnie de Lauren, cette expérience qui est un véritable huis-clos, ou l’angoisse n’est jamais bien loin. Les nerfs doivent être solides car les faux-semblants jalonnent leurs nuits.

Dans une ambiance faussement fantastique où le réel et l’imaginaire s’entrechoquent, le lecteur ne regarde pas le temps passer, il n’en a pas le temps, pris dans l’engrenage du déroulement de cette histoire placée sous le signe de Lewis Carroll. Et sur laquelle plane l’esprit, le fantôme de Laura, la femme de Franz, partie sept ans auparavant, sans préavis, et sans donner signe de vie depuis. Une histoire originale, avec du suspense, du mystère, mais qui n’effrayera pas les âmes sensibles car l’hémoglobine ne s’écoule pas comme le sable dans le sablier du temps.

Paul Maugendre

Retrouvez les chroniques de Paul Maugendre sur son blog dédié au polar et au jazz à l'adresse suivante   www.mysterejazz-overblog.com