André Manoukian revisite la musique arménienne

André Manoukian revisite la musique arménienne
André Manoukian a rendu hommage à sa grand-mère dans son dernier projet.

Et revient sur ses origines.

Personnage médiatique, on l'a vu dans "La nouvelle star" ou encore "La vie secrète des chansons", André Manoukian a su se servir de cette visibilité pour également faire connaître sa musique et se constituer un bon public. C'est ainsi que ce dimanche 19 mars, il sera sur la scène du Trianon à Paris. L'occasion aussi de rappeler que c'est un formidable musicien de jazz. Et cette fois, il a décidé de mettre son talent au service de ses origines arméniennes qu'il a dévoilé dans son dernier album, "Anouch".

Sur les ondes de Radio France, il a rappelé qu'il a découvert la musique arménienne il y a environ quinze ans quand il a été chargé de la bande-originale d'un documentaire sur l'Arménie.

"[J'ai découvert] des trésors, des nouvelles gammes, des nouveaux sons, des rythmes très intéressants, comme les mesures asymétriques, qu'on entend par exemple dans le Rondo arménien qui est à sept temps."

Conjugué à l'envie de se remettre au piano et des envies de s'observer de l'intérieur, cela a permis la création d'un album intimiste et touchant dans lequel se dévoile le musicien et où il se positionne.

"Entre Thelonious Monk, Bill Evans et Brad Mehldau, je me situe où ? C'est là que les ancêtres arrivent avec un nouveau mode d'emploi et surtout avec des modes qui se prêtent tellement bien à l'improvisation ! C'est la manière la plus tangible de nous relier au spirituel, c'est une matière sacrée !"

Le titre de l'album n'est pas non plus un hasard. Anouch n'est autre que sa grand-mère qui a marché plus de mille kilomètres pour fuir le génocide arménien de 1915. "Une héroïne" comme la qualifie le pianiste. Comment lui rendre hommage sinon en musique ? Alors il s'est inspiré de mélodies issues de la diaspora qui sont restés les mêmes après le génocide alors même que la musique arménienne continuait de se développer sous l'URSS.

Et le résultat est à la hauteur de ses ambitions puisqu'il raconte cette anecdote alors qu'il présentait son projet l'Opéra d'Erevan, la capitale de l'Arménie.

"Je ne me sentais pas légitime, c'était comme présenter une pizza à Naples. Mais à la fin du concert, une femme est venue et m'a dit : Monsieur, vous m'avez fait redécouvrir mon pays."

On ne pouvait sans doute pas lui faire de meilleurs compliments.