Une arrivée à rebours des tendances
Lorsque Benjamin Duterde fait ses débuts sur la scène musicale française à la fin des années 2000, la Soul n’occupe plus vraiment le devant de l’actualité. Le R’n’B s’oriente vers des productions très formatées, le hip-hop domine les classements et la pop française peine encore à se structurer. Dans ce contexte, l’arrivée de Ben l’Oncle Soul tranche nettement.
Son esthétique, inspirée de la Soul américaine des années 1960 et 1970, se distingue immédiatement. Costumes élégants, références assumées à Otis Redding, Marvin Gaye ou Stevie Wonder, et surtout une interprétation vocale marquée par la chaleur et l’émotion. Ben l’Oncle Soul ne cherche pas à moderniser artificiellement ce style musical, mais à en restituer l’essence avec sincérité.
Le grand public le découvre véritablement grâce à sa reprise de “Seven Nation Army” des White Stripes. En transformant ce titre rock en un morceau gospel-soul, il révèle sa capacité à faire dialoguer les époques sans perdre en crédibilité. Cette relecture originale attire l’attention et permet à l’artiste de s’imposer comme une figure singulière de la scène française.
La force de la constance
Très rapidement, Ben l’Oncle Soul s’émancipe des reprises pour affirmer sa propre identité. En 2010, le titre “Soulman” marque un tournant décisif dans sa carrière. Véritable déclaration d’intention, la chanson rencontre un succès notable et se hisse à la 14ᵉ place du classement des singles en France, où elle reste présente pendant plusieurs semaines. Ce titre confirme que la Soul peut trouver un écho durable auprès du public français.
Cependant, c’est avant tout par sa constance que Ben l’Oncle Soul s’impose dans le paysage musical. Album après album, il poursuit son exploration de la Soul, tout en intégrant des influences funk, reggae ou hip-hop. Malgré ces évolutions, il conserve une ligne directrice claire, fondée sur l’émotion et l’authenticité. Sa voix, parfois rugueuse mais toujours expressive, demeure au centre de son univers artistique.
Contrairement à certains artistes, Ben l’Oncle Soul ne cherche jamais à imiter ses modèles américains. Il assume pleinement son identité française, son accent et ses références personnelles. Ce positionnement lui permet de démontrer que la Soul n’est pas réservée à un territoire ou à une culture spécifique, mais qu’elle peut être réinterprétée avec justesse dans un contexte francophone.
Pourquoi Ben l’Oncle Soul est devenu un parrain
Au fil des années, l’artiste endosse également un rôle de passeur. Par ses collaborations et ses prises de parole, il contribue à transmettre l’héritage de la Soul et à encourager de nouvelles générations à s’approprier ce genre musical. Il défend une vision de la Soul comme une musique vivante, capable de raconter des histoires personnelles et universelles.
C’est ainsi que Ben l’Oncle Soul est devenu l’un des parrains de la Soul en France. Non par une volonté d’imposer une autorité, mais par la cohérence de son parcours, la fidélité à ses influences et la capacité à durer dans un paysage musical en constante évolution. Il a surtout prouvé que la Soul pouvait continuer à émouvoir et à rassembler, même lorsqu’elle s’exprime en français.





































