Le Florian Pellissier Quintet revient avec un nouvel opus intitulé « Pacifiques Biches », un album qui marque une évolution notable dans le parcours du groupe. Habitué à un jazz empreint de hard bop, de voyages et d’explorations sonores, le quintet choisit cette fois un horizon plus apaisé, inspiré par la côte Pacifique et ses vastes étendues.
Depuis leurs débuts, les Biches – métaphore récurrente utilisée par le groupe pour symboliser leur identité artistique – se sont toujours affranchies des frontières créatives. Leur musique s’est naturellement exportée vers l’Afrique, l’Amérique du Sud, du Cap de Bonne-Espérance jusqu’à Rio, où leur précédent voyage artistique avait frôlé l’expérience électrisante de l’expérimentation spatiale. Une trajectoire marquée par le mouvement, l’énergie et le groove.
Avec « Pacifiques Biches », le groupe amorce un retour à la sérénité. Après une halte stimulante au carnaval de Barranquilla en Colombie, les musiciens posent symboliquement leurs valises en Californie, face à l’immensité du Pacifique. Une mer de plus de cent soixante-cinq millions de kilomètres carrés qui devient pour eux un territoire introspectif, propice à l’ouverture spirituelle et à la recherche de nouvelles textures sonores.
Le Fender Rhodes, les nappes électriques et des interventions synthétiques viennent enrichir un univers plus méditatif. Sur certains morceaux, le FPQ délaisse même les partitions pour privilégier une liberté d’improvisation retrouvée, guidée par l’instant et l’équilibre entre instrumental et atmosphères organiques. Une évolution qui traduit l’envie du groupe d’élargir son langage musical sans renier son identité.
Autrefois « bleues » à leurs débuts, les Biches se parent désormais de nouvelles couleurs – celles des crépuscules pacifiques, où se mêlent rouge, orange et violet. Une transformation visuelle et symbolique, reflet de la métamorphose sonore entreprise par le quintet.
Les voix marquantes qui ont accompagné leurs précédentes expériences – celles d’Archie Shepp, d’Iggy Pop ou encore de DjeuhDjoah – résonnent encore en filigrane. Mais pour ce nouvel album, les Biches semblent avoir traversé l’océan, comme portées jusqu’aux côtes japonaises par la vague de Hokusai, évoquant un mouvement continu vers de nouveaux imaginaires.
Avec « Pacifiques Biches », le Florian Pellissier Quintet s’offre un espace musical élargi, à la fois contemplatif, libre et lumineux. Un disque qui confirme sa capacité à renouveler son langage tout en conservant la profondeur et l’âme qui caractérisent son jazz.
