Paco Ignacio TAÏBO II : Ombre de l’ombre.

Collection Rivages Noirs n° 124. Editions Rivages.

Paco Ignacio TAÏBO II : Ombre de l’ombre. Collection Rivages Noirs n° 124. Editions Rivages.

 

Dans une salle de café de Mexico, en l’an de grâce 1922, quatre amis ont pour habitude de se retrouver et, tout en jouant aux dominos, d’échanger leurs points de vue sur les événements qui secouent la ville. Thomas Wong, d’origine chinoise et menuisier dans une usine de textile, s’entête à prononcer les R comme des L, pourtant il n’a jamais mis les pieds dans le quartier de ses congénères où sévissent les Tongs et les Triades. Alberto Exécutor, avocat, prodigue volontiers ses conseils dans les bars plutôt que dans un bureau à une clientèle en marge de la loi. Pioquinto Manterola, journaliste de faits-divers, ne peut écrire ses articles que dans le brouhaha des salles de rédaction. Quant à Firmin Valencia, poète myope ayant combattu aux côtés de Pancho Vila, il distille ses vers au service d’un art naissant, la publicité. Valencia assiste au meurtre d’un joueur de trombone, membre d’une fanfare militaire, le sergent José Zévada, assassiné en plein concert dans un kiosque à musique. Le journaliste est le témoin d’un fait-divers en direct. Un homme est défenestré et Manterola aperçoit fugitivement une jeune femme qui pourrait bien être la coupable. Le cadavre n’est autre que le frère du musicien révolvérisé. Tels sont les points de départ d’une curieuse aventure pour les quatre amis qui échappent de peu à une agression en pleine rue. Une veuve qui aurait empoisonné son mari, une hypnotiseuse, des colonels à la solde de magnats américains du pétrole, voilà quelques uns des personnages qui gravitent dans ce roman qui puise son inspiration dans les bons vieux feuilletons du début du siècle dernier.

Plus qu’un roman policier Ombre de l’ombre est un roman d’aventures épiques et picaresques. Un faux maçon déguisé en faux mort, des chocolats empoisonnés, une ambiance exotique internationale, un anarchiste syndicaliste, un faux Indou et de vrais Chinois, une fusillade en voiture digne d’émules de la bande à Bonnot, la félonie de quelques militaires, des bijoux voyageurs, un journaliste qui se prend pour Rouletabille, et des ordres venus d’un personnage tout puissant mais masqué, tels sont les quelques éléments qui foisonnent dans ce récit dont le héros est néanmoins le jeu de domino, sport national. Ombre de l’ombre aurait pu être sous-titré : les Trois Mousquetaires au Mexique.

 

Paul Maugendre

 

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