Portico Quartet : Jeu set et match

Cheminements et détours d'instrumentistes anglais

Knee Deep In The North Sea (2007) avait créée un séisme dans le monde du jazz, apportant un véritable vent de fraicheur dans un genre qui peinait à trouver de dignes représentants - le jazz post-moderne s'étant souvent enlisé dans des expérimentations, parfois réussies (Kamasi Washinhton - The Epic) (2015), parfois totalement manquées. Ces boucles répétitives sans être exigeantes, rappelaient fortement les travaux de Steve Reich, immergeant l'auditeur dans des contrées hypnotiques. 

La formation londonienne, évoluant en quartet, composée d'un saxophoniste, d'un batteur, d'une contrebasse et d'un percussionniste, s'était notamment démarquée par l'utilisation du Hang, un instrument contemporain s'apparentant à un large tambour métallique et produisant des sonorités ressemblant étrangement à certains synthétiseurs. 
Il faudra attendre 5 longues années pour retrouver nos anglais sur un long format, qui peinera à séduire son public. Puis le groupe se sépare, suite au départ de son percussionniste. Le groupe, sous le nom de Portico, offrira un unique album sur le mythique label Ninja Tunes, penchant désormais vers une électronica peu convaincante. 

On pensait la belle histoire terminée, les instruments remisés au placard, ne restant que la nostalgie d'un album hors-du-temps, qui marquera sa génération.

Mais coup de théâtre, le groupe se reforme en 2017, et sort enfin le digne successeur de son opus sorti une décennie plus tôt : Art in The Age of Automation sonnerait presque comme un pied de nez aux embardées électroniques au sein desquelles une partie du groupe s'était égarée. 

Le saxophone prend la forme d'une véritable madeleine de Proust pour tous ceux qui désespéraient de ne plus jamais entendre ces mélodies entêtantes : Portico Quartet signe enfin son retour tant attendu. 

L'histoire continue au mois de mai 2018, avec la sortie d'un maxi, composé de créations relativement courtes, Untitled (AITAOA #2), des pièces majoritairement créées lors de l'écriture du quatrième album, à prendre donc comme un format complémentaire à ce dernier.