André Manoukian : "A travers 'Anouch', je renoue avec mes racines"

André Manoukian : "A travers 'Anouch', je renoue avec mes racines"
André Manoukian a expliqué son dernier projet dans "Télérama".

Le pianiste se confie sur son dernier projet.

Dans Télérama, André Manoukian a donné une longue interview dans laquelle il revient sur la genèse de son projet "Anouch", un album qui reprend des thèmes de la musique arménienne, son pays d'origine et un moyen de rendre un hommage puissant à sa grand-mère qui portait ce prénom et qui a fui le génocide arménien en 1915. L'occasion aussi de renouer avec ses racines.

"Quand on a demandé à Miles Davis, parti sur une voie plus expérimentale, s’il allait « refaire du jazz », il a répondu : « Plutôt jouer la musique de ma grand-mère ! » Je pensais pareil, et si on avait prédit au jeune boulimique de jazz que j’étais que je jouerais un jour la musique de mon Haïganouch, j’aurais éclaté de rire. Et pourtant me voilà… À travers elle, je renoue avec les racines occultées par ma famille. Grâce à mes ancêtres, j’ai retrouvé ma route vers l’Orient : c’est là où se joue aujourd’hui l’avenir d’un jazz qui tourne en rond, là où me mène ma quête musicale."

Ce projet a, en vérité, débuté en 2007 quand on l'a sollicité pour un projet dont l'Arménie était le sujet principal. Le chemin a été long mais l'aboutissement est à la hauteur des enjeux.

"En 2007, j’ai été sollicité dans le cadre d’un documentaire sur la diaspora arménienne et j’ai réalisé que je ne connaissais pas un seul air traditionnel. Je n’y voyais que du folklore, trop doux, trop sucré, comme la cuisine de ma grand-mère. C’est Lena Chamamyan, que j’ai découverte sur Internet, qui m’a réconcilié avec ce patrimoine. Elle a grandi en Syrie et, à la différence de toutes ces chanteuses qui veulent faire du Céline Dion, chante les mélismes orientaux, ces quarts de ton que les Arméniens traumatisés par le génocide ont éradiqués de leur musique, pour gommer toute référence turque [...] Les partitions du compositeur Komitas, qui a entrepris de restaurer les modes orientaux de la liturgie arménienne au début du XXe siècle, représentent un terrain de jeu formidable pour un musicien de jazz comme moi."

On vous invite à écouter ce projet tant, outre la musique, il y a de l'émotion et où affleurent les sentiments.